vendredi 3 août 2012

Live fast, Die young

[Edit : J'ai modifié ce post, que je trouvais vraiment trop sentencieux dans sa première version.]

Cette semaine, nous sommes allés voir en amoureux The Dark Knight Rises, un mélo indé sur la difficulté de surmonter la perte de l'être aimé (en autre), et la difficulté de jouer l'agonie de manière convaincante (cf la mort de Marion Cotillard. Oups, j'ai spoilé la fin) Et en attendant la séance, il y a comme toujours 30 min de pub et de bandes annonces tapageuses (avec The Expandables 2 qui s'annonce prometteur puisqu'on y verra le retour du grand Chuck).

Comme nous n'avons pas de télé (ce qui s'ajoute au fait de rouler en Dacia, de dormir sur un clic-clac et d'acheter des paniers bio, comme de vrais bobos), nous ne sommes plus vraiment au courant des pubs qui passent de nos jours. Et comme en plus nous n'écoutons que France Inter (oui, comme vous voyez, on est vraiment très de gauche), et que France Inter ne passe que des pubs pour les fermiers de Loué ou des services bancaires, nous vivons un peu coupé du monde "jeune".

Du coup, se prendre en pleine figure 20 minutes de pub nous enjoignant de vivre notre vie à 200% grâce à Fanta ou au dernier Samsung, comme si la vie devait ressembler à un concert de ShakaPonk sous amphét', nous a profondément déstabilisé dans nos convictions anti-consuméristes. Mais il faut reconnaitre que c'est efficace.

A peine rentré chez moi, j'ai couru (de manière virtuelle, c'est à dire que j'ai cliqué frénétiquement sur le gros bouton de ma Magic Mouse) sur Amazon m'acheter un mur d'enceintes, des stroboscopes et une dizaine de Fender pour pouvoir les casser dans mon salon en headbanguant sur David Guetta. Le tout monté sur un skateboard. Inutile de dire que ma vie en a été transformée pendant 5 bonnes minutes.

Cependant, cette débauche de pseudo-fun artificiel m'a laissé un goût bizarre dans la bouche. Et pas seulement celui du Fanta et du Samsung. Je me suis dit qu'on était désormais bien loin des pubs Nutella ou Milo, qui prônait l'hygiène de vie (de l'énergie pour penser et se dépenser, mens sana in coropore sano, tout ça), la réussite sociale grâce au basket ou l'étude des dinosaures, et la coupe au bol.

Désormais, le message serait plutôt : "éclate toi, sois libre et sois toi-même, on s'en fout de tout et des autres qui sont pas fun", ce qui est terrible : Où sont passé ces grands idéaux sur lesquels tant de jeunes générations laborieuses furent élevées dans l'espoir d'un monde meilleur ? France ! Qu'as tu fais de tes enfants ? (J'ai été doublure de Jean Jaurès dans une vie antérieure)

Heureusement que j'ai grandi dans les années 90, loin de toutes ces injonctions débiles. Où aurais-je trouver le courage et l'abnégation nécessaires pour avoir une mention Très bien au Bac ? Et comment aurais-je pu intégrer une brillante école d'ingénieur, puis reprendre des études au bout de 5 ans pour finir avec une conjonctivite et des douleurs lombaires assis toute la journée devant Excel ? Non, vraiment, rater tout ça eût été dommage ... heureusement qu'il me reste la coupe au bol.